Mon doux printemps, lâchement assassiné (Noha Valet)

mardi 31 mars 2020
par  Les documentalistes

Mon doux printemps, lâchement assassiné

Tout restera alors comme à l’hiver ? Si vide, stérile, triste, les rues resteront froides et funestes. Est-ce le printemps rêvé ? J’y ai songé, nos destins sont tous liés. Non, nous ne sortirons pas, nous resterons fermés dans nos chambres devant nos ordinateurs. Déjà que nos grands-parents nous reprochaient notre vie ardente : d’une génération connectée, comme ahurie par le système, voilà qu’aujourd’hui on nous ôte notre printemps…
On pensait être si bien loin de nos professeurs et institutions diverses.
Et pourtant, nous nous rendons peu à peu compte que nous nous manquons. Tous
différemment, je l’entends bien... Toute l’année nous nous médisons et le moment où l’on nous sépare enfin, nous nous manquons. J’avoue que je n’ai jamais aimé aller travailler, mais je reconnais aujourd’hui mon insouciance et mon manque. Alors nous sommes là, chacun chez soi, à rêver, imaginer, à attendre, à prétendre écrire de magnifiques teneurs, à avoir peur de devenir fou.
Et pourtant, nous voudrions être tous ensemble. Quand je réfléchis je me dis que le
monde est confiné, pour du vent, un ennemi invisible. Loin d’une « guerre »... En mai 1940, quand la Wehrmacht s’approchait dangereusement de notre fameuse ligne Maginot, nous voyions l’ennemi arriver. Aujourd’hui, il est invisible, et nous paraissons si faibles...
Nous n’avons pas peur du Coronavirus, c’est certain, nous réalisons simplement
l’infériorité et la ridiculité de l’Humain, à l’heure où nous pensions être invincibles. A l’heure où les armées n’ont jamais été aussi équipées et performantes. L’heure où nous pensions avoir tiré toutes les conséquences de l’Histoire.
Et pourtant, il aura suffi d’un minime fantôme en Chine, pour annihiler la Terre
entière… Et si c’était Elle, la belle, qui nous envoyait encore un signal de plus ? Après avoir essayé de nous provoquer des catastrophes naturelles de plus en plus violentes, des ouragans d’une violence inédite, des inondations presque quotidiennes, des tempêtes par dizaines et des séismes incessants qui viennent fracturer inlassablement nos bâtisses. À chaque fois nous nous cachons derrière ces mots : « les phénomènes naturels ». Mais si c’était véritablement Elle ? Elle qui, aujourd’hui, use de sa sévérité la plus forte pour nous envoyer le dernier signal ? Je crois que c’est une bonne solution qu’elle a trouvé. Elle n’a jamais été aussi belle, elle n’a jamais aussi bien respiré depuis des siècles...
Et pourtant, l’humain, à l’heure où la Terre est au mieux, crie à la catastrophe
économique ! Je crois qu’il faudra tirer les leçons et recentrer nos préoccupations.
Méfiez-vous tout de même, si Elle a trouvé la bonne solution, et que nous n’écoutons rien, elle recommencera. Oui, je m’abandonne, perdu loin dans mes pensées... Certains me liront et verront un fou, je me vois simplement rêveur. Sachons rêver, imaginer, apprendre, développer. Rêve toi aussi ! Je ne crois pas être un grand artiste, et pourtant j’ose. J’ose me soulever, me détacher, je vis, je rêve, j’écris et je remercie ; voici ma vie de confiné.
Nous paraissons si seuls, et pourtant nous nous montrons tous unis. Nous sommes forts et à jamais liés.

Noha Valet



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